dimanche 27 octobre 2013

The Ex + Tom Cora - And The Weathermen Shrug Their Shoulders [1993]


FIGURE IMPOSÉE PAR LE ZORNOPHAGE



Le décor ? Urbain, très urbain. Disons l'hyper-centre d'une mégalopole, des tours, des gratte-ciels, un vertige à l'envers, la démesure. La ville ? Ça pourrait être New-York. Ça pourrait être Shanghai. Ça pourrait être Toronto. Ça pourrait être Sidney. Ça pourrait être New-York. Va pour New-York, c'est parfait / pratique  pour former les images mentales. Le moment ? La nuit. Mais la nuit, la ville qui ne dort jamais ne dort pas. C'est parfait / pratique pour raconter une histoire. Ça se passe une nuit à New-York, dans l'hyper-centre, au pied des gratte-ciels. Si on lève la tête on est saisi de vertige. Démesure, vertige.

Zoom avant. Une avenue avec un numéro. Une avenue qui grouille d'une foule disparate, anonyme, désorganisée. Vue d'en haut la fourmilière intrigue, la fourmilière amuse, la fourmilière fascine. La scène est altérée par un malaise impalpable, impossible à définir pour l'instant. C'est parfait / pratique pour démarrer l'histoire.

Zoom avant. Un taxi. Jaune évidemment. Attention cliché. La caméra bascule à l'intérieur du taxi et passe en vision subjective. Il pleut. En vision subjective le personnage assis à l'arrière du taxi jaune une nuit sur une avenue numérotée de New-York. Il pleut, suffisamment pour que les gouttes perturbent la vision à travers les vitres. Pas assez pour empêcher de voir à travers les vitres. En vision subjective le personnage assis à l'arrière du taxi décrit mentalement la scène. Les façades, les enseignes, les magasins crachent leurs couleurs jusqu'à l’écœurement. Les gouttes de pluie sur les vitres diffractent la lumière, les centaines de prismes renvoient des rayons rouges, bleus, jaunes. On dirait un clip diffusé sur MTV. Sauf que. Les lumières sont immobiles, le taxi est immobile.

Flash-back. Vue d'en haut la fourmilière s'active mais la longue file de voiture ne bouge pas. Panoramique. La file de voiture s'étend sur plusieurs blocs, immobile. Le long serpent mort attaqué par l'armée des fourmis. Cut. Retour dans le taxi, vision subjective. On perçoit le mouvement de la foule à l'extérieur. Des ombres anonymes qui s'agitent, courent, sautent. Du trottoir monte une colonne de vapeur échappée d'un réseau de chauffage défaillant. De la rue monte des colonnes de fumée d'origine inconnue. On les perçoit déformées à travers les gouttes de pluie sur les vitres. On dirait une vidéo arty d'étudiants de première année.

Le son ? La radio débite en boucle des infos sur le mode alarme. La radio dit émeutes, affrontements, pillages, état d'urgence. La radio débite en boucle des infos jusqu'à l’écœurement. Le bruit de fond ? Des cris, des appels. Les ombres anonymes s'agitent, courent, sautent en hurlant. C'est parfait / pratique pour mettre en place l'ambiance. Lumières colorées, jet de vapeur, colonnes de fumées, ombres qui courent, cris de la foule. On dirait l'Apocalypse filmée par Hollywood. Nemesis strike back.

Le personnage assis à l'arrière du taxi se tait. Le chauffeur du taxi se tait. La radio débite en boucle des infos sur le mode guerre civile / émeutes / fin du monde. La radio dit la Bourse s'effondre, la radio dit le Président en fuite. La police dépassée, NYPD à la mer. Écœuré le chauffeur du taxi éteint la radio et glisse un CD dans le lecteur. Le personnage assis à l'arrière du taxi se crispe dans l'attente du disque de rap qui va accompagner le clip MTV. Attention cliché. Mais écoute cette rythmique. Vise ce son. Sens cette basse. MTV n'émet plus. Pas de rap, plus de MTV. Dépassée, à la mer. Devant une guitare saturée un violoncelliste arrache à ses cordes la bande-son idéale. Un chanteur arrache à ses cordes le chant de la foule, prête sa voix aux ombres anonymes. La fumée sent le soufre.

Zoom arrière. Une tâche jaune immobile au milieu d'une foule bariolée. Le son ? La musique s'étend en dehors du taxi. Les accords résonnent d'une façade à l'autre. Dans les nuages de fumée colorés par les façades aux néons, les ombres anonymes s'agitent, courent, sautent. Sur une scène improvisée un groupe scande sa rage apprivoisée. Au milieu de la scène un violoncelliste arrache à ses cordes la bande-son idéale.


01 Dere Geliyor Dere
02 The Big Black
03 What's the Story
04 Lamp Lady
05 One-Liner from China
06 Everything and Me
07 New Clear Daze
08 Oh Puckerlips Now
09 Empty V
10 Okinawa Mon Amour
11 Dear House
12 Conviction Going Gaga
13 Stupid Competitions
14 Hickwall
15 War OD
16 Untitled

Line-Up :

Terrie : guitare
G.W. Sok : chant
Luc : basse
Andy : guitare
Katrin : batterie, chant
Tom Cora : violoncelle



Si vous cherchez un mot de passe, essayez donc downgrade.
Merci aux visiteurs qui laissent une trace de leur passage.
Till

16 commentaires:

  1. parfait / pratique Tom Cora était New Yorkais... Comme Lou, tiens. Double deuil.

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  2. Oui le choix de New York était évident pour Tom Cora. Et quand j'ai fini d'écrire, en fin d'après-midi, j'ai appris pour Lou...

    Merci à toi pour cette figure imposée, ça m'a fait ressortir cet album plus écouté depuis des années. Depuis quelques semaines je l'écoute sans arrêt.

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  3. Hello.
    Superbe texte, tout du long je voyais le regard de Cybill Shepherd dans le rétroviseur du taxi que je conduisais ...
    Je vais tenter la musique à présent.
    EWG

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    1. You talkin' to me ?
      J'espère que la musique te plaira aussi. C'est la rencontre - pas si improbable - de l'avant-garde new-yorkaise et du punk hollandais. Si tu conduis le taxi et que tu as une crête ça devrait le faire.

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    2. Yo.
      Suis allé voir sur YT (tu sais comme je suis méfiant...) et j'y ai découvert une curiosité bluffante mais que j'aurais du mal à écouter régulièrement.
      Mais je reconnais qu'il y a de l'idée, et de la bonne, ce qui n'est pas étonnant quand on mêle Amsterdam à New Amsterdam, quelque soit le genre.
      Concernant la crête, à part celle qui pousse parfois à l'envers le dimanche matin ...
      EWG

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    3. Moi je peux l'écouter régulièrement mais par période. Comme je le disais plus haut au Zornophage, je n'avais plus écouté ce disque depuis des années, mais ces dernières semaines j'y reviens régulièrement. J'avais découvert The Ex au début des années 80 avec leur deuxième album. J'en parlerai sûrement un jour.

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  4. Merci pour le script et sa bande son, j'suis fan.

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    1. The Ex + Tom Cora, j'étais sûr que tu étais fan. Ça me parait recouper joliment tes domaines de prédilections.

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  5. J'ignore ce que c'est, mais il y a quelque chose qui m'a fait flipper dans ton histoire... Je vais voir ce que ça donne à l'écoute.

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    1. Peut-être une espèce de parfum de fin du monde...The Ex n'ont jamais fait dans le léger et le joyeux, mais le violoncelle de Tom Cora apporte une gravité supplémentaire. Et le son de cet instrument me donne des frissons.

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  6. De nada. Bienvenida por aquí Aksak.

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  7. Merci de nous offrir ce blog des plus rafraîchissants....

    Richard, progophage, musicophile et jazzmaniaque devant l'éternel... Directement de la vallée du St-Laurent, Passage Rétréci (ugh!)

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    1. Merci à toi pour ton passage et ton commentaire. Et bienvenue aux lecteurs du St Laurent.
      Passage rétréci ?

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  8. Merci!Muito bom! E parabéns pelo blog!

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