jeudi 31 octobre 2013

Lester Bangs Peter Laughner - The Creem Office Session [1975]







Je n'apprends  rien à personne, Lou Reed nous a quitté dimanche. Depuis j'hésite. Préparer un post pour lui rendre hommage ? Un article de plus, noyé dans la blogosphère où j'ai pu lire des hommages bien écrits, émouvants, pertinents. Alors écrire un hommage de plus qui, au mieux, serait une répétition des autres, au pire, un truc fade et indigne de l'artiste célébré, quel intérêt ?

Donc j'hésite. Jusqu'à ce que me reviennent en mémoire ces enregistrements d'un des plus grands admirateurs de Lou Reed. Lester Bangs qui, au plus fort de sa relation amour / haine avec Lou Reed, enregistre dans les bureaux de Creem une jam avec son pote Peter Laughner. Peter n'est plus le guitariste de Rocket From The Tombs puisque le groupe n'est plus, il vient de se faire virer proprement de Pere Ubu(*) à cause de sa toxicomanie. Lui aussi grand admirateur de Lou, il trouve en Lester le complice idéal pour ses quelques morceaux dont la moitié ont Lou ou le Velvet comme sujet.

Soyons clairs. Tous ces G'Bye Lou ne sont pas à proprement parler des hommages, plutôt des parodies. Lester reprochait à Lou de ne pas sortir un chef-d’œuvre à chaque disque, ses critiques envers son idole pouvaient être corrosives. Qui aime bien châtie bien. Venant de ces deux grands admirateurs difficile malgré tout de ne pas y voir un hommage. Ça alimentera peut-être leurs discussions maintenant qu'ils sont réunis au paradis des amoureux de la musique. G'Bye Lou



(*) A vrai dire je ne suis pas très sûr de la chronologie entre son départ de Pere Ubu et la Creem Session, mais quelle importance ?

01 Drugstore Cowboy / I'm So Bored / G'bye Lou
02 G'bye Lou, Too
03 G'Bye Lou, Three / Cry Your Blues Away
04 A Little Bit Of Heaven
05 Seventeen
06 Lester Ray
 
Line-up : vous rigolez ?


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  Till

dimanche 27 octobre 2013

The Ex + Tom Cora - And The Weathermen Shrug Their Shoulders [1993]


FIGURE IMPOSÉE PAR LE ZORNOPHAGE



Le décor ? Urbain, très urbain. Disons l'hyper-centre d'une mégalopole, des tours, des gratte-ciels, un vertige à l'envers, la démesure. La ville ? Ça pourrait être New-York. Ça pourrait être Shanghai. Ça pourrait être Toronto. Ça pourrait être Sidney. Ça pourrait être New-York. Va pour New-York, c'est parfait / pratique  pour former les images mentales. Le moment ? La nuit. Mais la nuit, la ville qui ne dort jamais ne dort pas. C'est parfait / pratique pour raconter une histoire. Ça se passe une nuit à New-York, dans l'hyper-centre, au pied des gratte-ciels. Si on lève la tête on est saisi de vertige. Démesure, vertige.

Zoom avant. Une avenue avec un numéro. Une avenue qui grouille d'une foule disparate, anonyme, désorganisée. Vue d'en haut la fourmilière intrigue, la fourmilière amuse, la fourmilière fascine. La scène est altérée par un malaise impalpable, impossible à définir pour l'instant. C'est parfait / pratique pour démarrer l'histoire.

Zoom avant. Un taxi. Jaune évidemment. Attention cliché. La caméra bascule à l'intérieur du taxi et passe en vision subjective. Il pleut. En vision subjective le personnage assis à l'arrière du taxi jaune une nuit sur une avenue numérotée de New-York. Il pleut, suffisamment pour que les gouttes perturbent la vision à travers les vitres. Pas assez pour empêcher de voir à travers les vitres. En vision subjective le personnage assis à l'arrière du taxi décrit mentalement la scène. Les façades, les enseignes, les magasins crachent leurs couleurs jusqu'à l’écœurement. Les gouttes de pluie sur les vitres diffractent la lumière, les centaines de prismes renvoient des rayons rouges, bleus, jaunes. On dirait un clip diffusé sur MTV. Sauf que. Les lumières sont immobiles, le taxi est immobile.

Flash-back. Vue d'en haut la fourmilière s'active mais la longue file de voiture ne bouge pas. Panoramique. La file de voiture s'étend sur plusieurs blocs, immobile. Le long serpent mort attaqué par l'armée des fourmis. Cut. Retour dans le taxi, vision subjective. On perçoit le mouvement de la foule à l'extérieur. Des ombres anonymes qui s'agitent, courent, sautent. Du trottoir monte une colonne de vapeur échappée d'un réseau de chauffage défaillant. De la rue monte des colonnes de fumée d'origine inconnue. On les perçoit déformées à travers les gouttes de pluie sur les vitres. On dirait une vidéo arty d'étudiants de première année.

Le son ? La radio débite en boucle des infos sur le mode alarme. La radio dit émeutes, affrontements, pillages, état d'urgence. La radio débite en boucle des infos jusqu'à l’écœurement. Le bruit de fond ? Des cris, des appels. Les ombres anonymes s'agitent, courent, sautent en hurlant. C'est parfait / pratique pour mettre en place l'ambiance. Lumières colorées, jet de vapeur, colonnes de fumées, ombres qui courent, cris de la foule. On dirait l'Apocalypse filmée par Hollywood. Nemesis strike back.

Le personnage assis à l'arrière du taxi se tait. Le chauffeur du taxi se tait. La radio débite en boucle des infos sur le mode guerre civile / émeutes / fin du monde. La radio dit la Bourse s'effondre, la radio dit le Président en fuite. La police dépassée, NYPD à la mer. Écœuré le chauffeur du taxi éteint la radio et glisse un CD dans le lecteur. Le personnage assis à l'arrière du taxi se crispe dans l'attente du disque de rap qui va accompagner le clip MTV. Attention cliché. Mais écoute cette rythmique. Vise ce son. Sens cette basse. MTV n'émet plus. Pas de rap, plus de MTV. Dépassée, à la mer. Devant une guitare saturée un violoncelliste arrache à ses cordes la bande-son idéale. Un chanteur arrache à ses cordes le chant de la foule, prête sa voix aux ombres anonymes. La fumée sent le soufre.

Zoom arrière. Une tâche jaune immobile au milieu d'une foule bariolée. Le son ? La musique s'étend en dehors du taxi. Les accords résonnent d'une façade à l'autre. Dans les nuages de fumée colorés par les façades aux néons, les ombres anonymes s'agitent, courent, sautent. Sur une scène improvisée un groupe scande sa rage apprivoisée. Au milieu de la scène un violoncelliste arrache à ses cordes la bande-son idéale.


01 Dere Geliyor Dere
02 The Big Black
03 What's the Story
04 Lamp Lady
05 One-Liner from China
06 Everything and Me
07 New Clear Daze
08 Oh Puckerlips Now
09 Empty V
10 Okinawa Mon Amour
11 Dear House
12 Conviction Going Gaga
13 Stupid Competitions
14 Hickwall
15 War OD
16 Untitled

Line-Up :

Terrie : guitare
G.W. Sok : chant
Luc : basse
Andy : guitare
Katrin : batterie, chant
Tom Cora : violoncelle



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Till

mardi 15 octobre 2013

Das Kapital - Ballads And Barricades - The Music Of Hanns Eisler [2009]



 A gauche Charlottenburg. Le quartier est plongé dans l'obscurité, on ne devine même pas le Schlosspark au loin. Tout le contraire d'ici. La voiture roule lentement sur le Ku'damm. Ici c'est la lumière crue, obscène. Les néons dégoulinent le long des façades et crachent leurs couleurs. Obscène.

Sur le siège passager Gunter dit Je connais un club rock sympa dans Prenzlauerberg, ça vous dit pas ? Pas de réponse. Gunter dit Alors ? Hans monte le son. La radio dit Saxophone strident, rythmique syncopée. Gunter se tait.

La voiture roule lentement sur le Ku'damm. En arrivant devant la Gedächtniskirche, Hans tourne à droite et passe devant Kadewe. Le temple de la consommation dégouline de néons criards et obscènes. Gunter se tait. Hans monte le son. La radio dit guitare et clochettes tintinabulantes. La radio dit saxophone qui quitte la ligne mélodique. A gauche, Hans remonte vers Tiergarten. Tiergartenstraße, le parc übernachtung. Visite de nuit.

Gunter dit C'est quoi cette musique ? Pas de réponse. Gunter dit Scheiße, c'est quoi ce truc ? Hans monte le son. La radio dit guitare mélodique et saxo fou. La radio dit free jazz sur mélodie classique. Gunter se tait. Gunter regarde la ville défiler par la vitre. Hans conduit en mode touriste. De la Potzdammer Platz il remonte vers la porte de Brandebourg et tourne à droite sur Unter Den Linden. Les tilleuils de nuit c'est l'arnaque, on voit rien.

Gunter regarde les façades bourgeoises défiler par la vitre. Il regarde les trottoirs vides. Gunter dit Qu'est-ce qu'on fout là ? Tu nous fais la visite touristique ? Mû par une idée soudaine, Hans tourne à droite et s'engage dans FriedrichStraße. Direction Kreuzberg. Gunter regarde par la vitre le quartier un peu plus vivant, un peu moins bourgeois. La radio continue sur le mode guitare-batterie-saxo. La radio dit une couche mélodique, une couche libre.

De rue en rue, carrefour après carrefour, Hans remonte au nord, rejoint le bout d'Unter Den Linden, traverse la Spree. L'île des Musées est plongée dans l'obscurité, la masse fantomatique de l'ancien siège du gouvernement de la RDA continue à exposer ses ruines, témoignage pitoyable d'un ancien temps. Karl Liebknecht Straße. Ca commence à s'animer. Sur le siège passager Gunter se détend. La radio dit Hanns Eisler. Gunter se tourne vers Hans. Gunter dit Tu connais ce type ? Hans sourit. Les candélabres régulièrement espacés de Karl Liebknecht Straße font clignoter le sourire de Hans dans la voiture. En rythme avec la batterie.

Gunter frissonne et se tourne vers la vitre. Il regarde s'approcher la tour de la télévision. Il regarde apparaitre Alexander Platz et la masse de la gare, le métro aérien. Il a entendu parler de Fassbinder, pas de Eisler. Hans monte le son. Sur le siège arrière Karl sort de sa torpeur. Karl raconte à Gunter. Karl lui parle de Eisler, de Brecht. Il lui raconte le musicien, il lui raconte l'exil en 1933. Hans tourne à droite et s'engage sur Karl Marx Allee. Ligne droite. Longue, longue, longue. Karl raconte à Gunter la commisson McCarthy, il raconte le retour à Berlin, il raconte Auferstanden aus Ruinen, il raconte Nuit et Brouillard.

La voiture croise la rue de la Commune de Paris. Elle descend Karl Marx Allee et s'enfonce lentement dans Lichtenberg. Elle s'enfonce lentement dans la nuit. Hans monte le son. La radio dit un saxophone qui s'envole librement dans la nuit.

01. An Den Deutschen Mond
02. Ohne Kapitalisten Geht Es Besser
03. Vom Sprengen Des Gartens
04. Die Moorsoldaten
05. Auf Der Flucht
06. An Den Kleinen Radioapparat
07. Lied Von Der Moldau
08. Das Wunderland
09. Hotelzimmer 1942
10. Landschaft Des Exil
11. Elegie 1939
12. Solidaritätslied
13. Mutter Beimlein
14. Einheitsfrontslied
15. Marie Weine Nicht

Line-up :
Daniel Erdmann : Saxo tenor et soprano
Hasse Poulsen   : Guitare
Edward Perraud : Batterie, Percussions

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Till

dimanche 13 octobre 2013

[SINGLéS] Dr Feelgood - Roxette / Keep It Out Of Sight (Live) [1976]


Désespérément vide. Je regarde le fond de mon verre où la mousse disparait peu à peu. Leeeeeeeeentement. On devine encore les initiales que j'ai gravées dans la mousse avant de commencer à boire, histoire de vérifier la légende. Je lève le nez de mon verre pour commander une autre Guinness et je croise le regard de Mike. Mike est mon meilleur ami depuis au moins trois heures, Mike n'a pas fini son verre, Mike boit de la lager. Leeeeeeeeentement.

Mike connait les groupes de Londres. Pour un petit Frenchie qui débarque avec des envies de musique plein la tête, Mike c'est le meilleur ami idéal. Mike parle beaucoup alors Mike boit sa bière leeeeeeeeentement. En trois heures il m'a déjà raconté la scène londonienne, ce qu'on peut voir et écouter en ce moment, ce qu'il sent venir pour bientôt. SEX. Mike veut m'emmener dans une boutique de fringues branchée sur King's Road.  Il dit Tu vas voir l'ambiance, ça bouillonne autour de cette boutique. Il dit Y a des tas de groupes qui vont sortir de là et faire parler d'eux. Il dit Souviens-toi de ce que je te dis. Boutique, fringues, musique, l'association fait rire le petit Frenchie qui ne connait rien à la scène londonienne.

Mais ce soir Mike a voulu me faire écouter un groupe qui tourne dans les pubs. The Rose. La bière est bonne, l'ambiance est bonne, la musique est bonne. J'attaque ma deuxième pinte, Mike finit sa première. Mike dit Tu vas voir ce groupe est une tuerie sur scène. Mike dit Le guitariste est un fou génial. Mike dit J'suis sûr que demain tu fonces dans un magasin acheter leur disque. Pour coller complètement à l'ambiance j'allume clope sur clope et je participe au grand nuage collectif qui flotte du bar jusqu'à la scène au fond. Désespérément vide. Le petit Frenchie qui débarque avec des envies de musique plein la tête est pressé que ça commence. Je bois ma bière leeeeeeeeentement pour faire durer, je caresse du bout du doigt les boiseries du bar. So british. Ça commence quand ?

Dans le nuage de fumée dense je devine des formes qui bougent sur la scène là-bas tout au fond. J'entends le bruit d'une batterie. J'entends le bruit d'un accord de guitare. J'entends le bruit d'une basse. Les gens se tournent vers la scène là-bas tout au fond. Les joueurs abandonnent la cible, une fléchette flotte encore en l'air et finit par se planter au centre. Bull's Eye. Mike m'entraine par le bras, à peine le temps d'attraper ma pinte. Mike dit On va devant. Mike dit C'est là qu'il faut être. Mike dit C'est là qu'on en prend plein la tête.

Dans l'heure qui suit le petit Frenchie en prend plein la tête. Le petit Frenchie saute sur place sur des rythmiques saccadées. Le petit Frenchie renverse sa bière comme un plouc. Le petit Frenchie respire la fumée et avale des accords. Pur Rock'n Roll. Le petit Frenchie saute en l'air et ne redescend pas. Une nouvelle bière est apparue dans sa main. Mike rigole. Mike jubile. Mike est mon meilleur ami depuis au moins quatre heures. Le petit Frenchie redescend leeeeeeeeentement. Il renverse sa bière. Il rate la cible et plante la fléchette dans les boiseries. Il renverse sa bière. Mike rigole.

Le petit Frenchie chante à tue-tête. Je t'ai vu l'autre soir, un mec te tenait bien serrée, je me demande qui c'était. Il faisait sombre je n'ai pas pu voir mais je sais que ce n'était pas moi. Putain c'était pas moi Roxette...





A. Roxette (live)
B. Keep It Out Of Sight (live)

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Till