jeudi 9 mai 2013

The Golden Palominos - The Golden Palominos [1983], Visions of Excess [1985]

Formé par le batteur et compositeur Anton Fier en 1981, The Golden Palominos est un groupe à géométrie variable avec Fier, le bassiste/producteur Bill Laswell et le guitariste Nicky Skopelitis comme seuls membres récurrents.
 

Premier opus du projet mené par Anton Fier et, rien qu'à voir la splendide collection d'allumés que comprend la formation, on se doute que, si on risque fort de ne pas s'y ennuyer, on sera aussi mis à rude épreuve, sur le gril... Ou pris dans un furieux torrent, dont on risque de ne pas sortir indemne, à l'image des canassons de la pochette.

Il faut dire qu'on ne rencontre pas si souvent une fusion aussi étrange que celle proposée par l'éponyme des Golden Palominos, une sorte de funk mutant, blanchi aussi, où les bruitages, déviances sonores, grooves décalés et autres évènement percussifs inattendus tiennent le haut du pavé. Pas exactement le genre de machin à confier à toutes les (sensibles) oreilles mais pas non plus une œuvre si avant-gardiste qu'on ne puisse la conseiller qu'à quelques happy-fews. D'une part, il y a le côté historique de voir tous ces extraordinaires musiciens réunis (dont John Zorn qui rendra l'appareil à Fier en l'invitant sur son Locus Solus la même année) mais aussi l'impact d'un style, d'un son qui fera florès quelques années plus tard (par exemple chez les Talking Heads), évidence impossible à nier à l'écoute de l'introductif Clean Plate.

Ne le nions pas, The Golden Palominos, l'album, reste avant tout une étrangeté qui ne plaira qu'à ceux qui apprécient la "musique qui cherche", se donne le droit à l'erreur aussi (toutes les pistes ne fonctionnent pas ici avec le même bonheur) parce qu'elle se sent investie d'une mission prospective ô combien louable débouchant, qui plus est, sur une dose de fun plus que conséquente et même décisive dans le plaisir pris par l'auditeur.

Il n'en faut pas plus pour décréter qu'on tient bien là une vraie belle réussite en plus d'une odyssée sonique hors du commun.


1. Clean Plate 6:30
2. Hot Seat 5:16
3. Under the Cap 5:36
4. Monday Night 6:31
5. Cookout 4:40
6. I.D. 6:48
7. Two Sided Fist 7:43


- Anton Fier: drums, Oberheim DMX, percussion, production, mixing
- John Zorn: alto saxophone, clarinet, game calls
- Fred Frith: guitar, violin
- Bill Laswell: bass guitar, production, mixing
- Arto Lindsay: vocals, guitar, additional production
&
- Thi-Linh Le: vocals on "Monday Night", design, photography
- Mark E. Miller: vocals on "Hot Seat", turntables on "Hot Seat" and "Monday Night"
- David Moss: percussion on "Clean Plate", "Under the Cap" and "Two Sided Fist"
- Nicky Skopelitis: guitar on "Monday Night" and "I.D."
- Jamaaladeen Tacuma: Steinberger bass guitar on "Clean Plate" and "Two Sided Fist"
- Roger Trilling: tape on "Cookout"
- Michael Beinhorn: drums and Oberheim DMX on "Hot Seat", piano on "Cookout"



The Golden Palominos c'est, premièrement et avant tout, Anton Fier, batteur de son état et capitaine du navire ce que prouve clairement ce second opus au line-up ô combien différent de l'inaugural éponyme avec, cette fois, une sélection de musiciens/invités nettement moins versés dans la Downtown scene de la Big Apple et nettement plus vers un mainstream rock de qualité... Enfin, le line-up parce que, musicalement, si l'aspect bruitistes et les glissements avant-gardistes ont été largement revus à la baisse, le ton n'est tout de même pas à la facilité et au FM-compatible.

Concrètement, si on reconnait, via les éléments rythmiques et l'approche sonique des GP originels restants, de notables différences se font jour et les invités de l'occasion ne sont pas tout à fait innocents quand à ce renversement de tendance avec, en tête, un Michael Stipe de R.E.M. qui, présent sur les trois titres d'ouverture de Visions of Excess, donne le ton de l'ensemble. De fait, le format chanson, totalement absent des précédents ébats du collectif, est ici au centre des débats. Ca n'empêche évidemment pas quelques musiciens d'exception de faire montre de leurs sens artistiques et leurs capacités instrumentales au dessus de la moyenne. On citera notamment Bill Laswell, master bassiste, et Nicky Skopelitis, guitariste exubérant s'il en fut, ici particulièrement à leur aise et mis en valeur.

Si on peut regretter la relative facilité de l'ensemble, dans lequel à un avant-gardisme funkoide de bon aloi s'est substitué un côté presque stadium rock, on est obligé de louer l'efficacité et la réussite générales. Ca donne, forcément, une œuvre plus classique, moins aventureuse mais aussi un album dans lequel on reviendra plus volontiers picorer tel ou tel titre particulièrement marquant (les trois de Stipe en sont !), et, en définitive, une réussite encore plus totale.


1. Boy (Go) 5:30
2. Clustering Train 6:07
3. Omaha 3:11
4. The Animal Speaks 4:07
5. Silver Bullet 5:09
6. (Kind of) True 4:47
7. Buenos Aires 3:48
8. Only One Party 4:30


- Anton Fier: drums, DMX, percussion
- Bill Laswell: bass guitar
- Jody Harris: guitars, slide guitar
- Richard Thompson: guitars
- Mike Hampton: guitar
- Henry Kaiser: guitars
- Nicky Skopelitis: guitars
- Arto Lindsay: guitar, vocals
- Chris Stamey: guitar, piano, vocals
- Bernie Worrell: Hammond organ
- Carla Bley: Hammond organ
- Syd Straw: vocals
- Michael Stipe: vocals
- Jack Bruce: vocals, harp
- John Lydon: vocals

8 commentaires:

  1. Pour ma part, j'ai beaucoup écouté, presque trop, Blindlight 1992-1994 d'Anton Fier... J'ai un peu plus de mal avec les Golden Palominos... mais tu donnes envie d'y rejeter une oreille... merci!

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    1. La question est : "Quels Golden Palominos" parce qu'entre le premier et Visions of Excess la ressemblance est tout de même minimale. Alors pense à repasser dire si, cette fois, ça a changé ton humeur et si, comme je le crois, tu pencheras plus pour le 1er. ;-)

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  2. I'm back après quelques jours dans un autre monde. Et donc The Golden Palominos.

    Autant le dire tout de suite j'ai un faible pour ce qui tourne autour d'Anton Fier et d'Arto Lindsay. C'est d'ailleurs par eux que je me suis approché un peu de Zorn par le biais de Locus Solus dont nous devrions parler prochainement si tout se passe comme je l'espère. Lindsay et Fier de l'être, moins figures de proue que John Lurie mais pourtant essentiels aux Lounge Lizards avant de tracer des sillons plus personnels.

    Hasard ou pas, voilà en tout cas un groupe tout à fait dans mes humeurs du moment.

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    1. Hasard complet. Ca faisait longtemps que je tournais autour et comme je trouvais que ça cadrait bien avec ton blog... Voilà, quoi, tu confirmes, ça colle bien avec toi et donc ton blog. Je ne sais pas si tu connais le 1er GP, c'est assez spécial mais loin d'être désagréable... ^_^

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    2. J'ai donc réécouté les deux albums, en me rendant compte d'ailleurs que je n'en avais pas vraiment de souvenirs, et les deux sont bons, chacun dans son genre. J'ai quand même une préférence pour le premier et son funk blanc pas très éloigné d'un James Chance / White de la même époque.

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    3. Même préférence ici.
      Le pompon de l'efficacité à Visions of Excess, cependant, et en particulier à la triplette d'ouverture avec Michael Stipe.

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    4. Oui les trois premiers sont bons mais finalement ça fait trois bons morceaux de REM. Pas forcément ce qu'on attend des GP. Avec le recul en tout cas, à l'époque l'impression était évidemment différente.

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  3. Salut Zorno. Je découvre tes blogs après un bref échange sur Wiki au sujet de la disco du sieur Zorn. Celui-ci (le premier golden) fait office pour moi de petit classique et j'adore vraiment son esprit collectif où se télescopent no-wave, grooves funk, free-jazz, impro... Quel casting et le pire c'est que ça marche parce qu'on y sent pas que les individus sont des pièces collées comme dans les albums de supergroupe.

    Dans le même esprit, j'aime beaucoup le premier album de Kip Hanrahan "Coup de tête". Par contre des deux côtés (Kip et fier/golden), quand j'ai voulu m'aventurer un peu plus dans leurs discos respectives, j'ai pris une douche froide car le reste est infiniment plus convenu.

    C'est à mon avis plus des albums de collectifs qui documentent une époque que des albums de groupe ou d'individualité. Disons que le mérite respectif des deux leaders est d'avoir su fédérer ce collectif.

    Avec les Zorn de l'époque (Cobra, Locus, Gundown), le premier Massacre et même le premier Curlew, auquel on pourrait rajouter (dans le free-jazz très orienté funk et rock) l'immense "tales of captain black" de James Blood Ulmer (avec Ornette Coleman), ils forment vraiment une petite collection de chefs d’œuvres dans un registre éclectique où toutes les influences s'assemblent comme par miracle par la grâce du jeu collectif.

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