mercredi 29 mai 2013

John Cale - Circus Live [2007]





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Suite de la St John Cale 2013. Rapidement, pour  combler les manques de ceux à qui ça manque, Circus Live, double album live comme son nom l'indique, paru en 2007 et enregistré durant les tournées de 2004 et 2006. Soit après respectivement les albums Hobosapiens et BlackAcetate. Certains titres de 2006 ont été captés au mythique Paradiso d'Amsterdam.

CD1

01.  Venus In Furs
02.  Save Us
03. Helen Of Troy
04. Woman
05. Buffalo Ballet
06. Femme Fatale > Rosegarden Funeral of Sores
07. Hush
08. Outta The Bag
09. Set Me Free
10. Cable Hogue
11. Look Horizon
12. Magritte
13. Dirty Ass Rock 'n' Roll

CD2

01. Walkin' The Dog
02. Gun
03. Hanky Panky Nohow
04. Pablo Picasso / Mary Lou
05. Intro Drone "Amsterdam Suite"
06. Zen
07. Style It Takes
08. Heartbreak Hotel
09. Mercenaries (Ready For War)
10. Outro drone

Line-up :
John Cale: lead vocal, electric and acoustic guitars, keyboards, electric viola
Dustin Boyer: lead guitar, toys, backing vocals
Joseph Karnes: bass, Nord 3, samples, backing vocals
Michael Jerome: drums, samples, backing vocals


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Till

[SINGLéS] John Cale - Ready...For War...7" - [1980]

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Depuis quelques jours on semble célébrer à droite et à gauche la Saint John Cale alors j'ai décidé de suivre le mouvement en improvisant un petit post pour un petit single paru en 1980. Petit uniquement par son format 7 pouces parce qu'en l'espace de deux titres Mister Cale m'aurait convaincu qu'il était indispensable si ça n'avait pas déjà été le cas.

Mais reprenons dans l'ordre. John Cale en général et ce single en particulier j'y suis venu par la reprise de Bauhaus de Rosegarden Funeral Of Sores. Bauhaus était grand, leur reprise est magnifique. Pour la performance vocale de Peter Murphy, pour le jeu de guitare atypique de Daniel Ash et pour tout ce qui fait que Bauhaus est encore aujourd'hui un groupe majeur : l'alliance talentueuse d'un post-punk dont ils ont été d'évidence une figure de proue et des influences formidables qu'ils ont su savamment intégrer. Bowie, Cale, Lou Reed, Eno, T-Rex parmi les reprises qui parsèment leur discographie, ça situe d'emblée la sphère dans laquelle on évolue.

Et si reprendre Ziggy Stardust ou Telegram Sam ne relève pas d'un choix très original, il en allait tout autrement de l'idée de choisir la B-Side d'un single presque anecdotique de John Cale. Moins produite, donc plus brute, plus sobre aussi, la version de Cale contient évidemment déjà tout la force du morceau. Je ne peux pas m'empêcher de trouver étrange de reléguer en face B sans jamais le sortir sur un album un tel titre. Mais peu importe, ça le rend plus précieux encore.

Quant à la face A du single, tout aussi importante, elle propose une version studio de Mercenaries. Et si j'aime beaucoup Sabotage/Live paru l'année précédente, j'avoue sans peine que ma préférence va à cette version studio. Moins esbroufe, la guitare plus discrète, elle compense largement par sa sobriété ce qu'elle perd en énergie live : toute en  rage contenue, elle devient plus inquiétante, plus venimeuse. Jusqu'au final où une rafale de batterie remplace finement l'explosion un peu trop démonstrative de la version live.

Un contraste renforcé par la pochette, elle aussi plus inquiétante et sournoise que celle de Sabotage/Live.


A. Mercenaries (Ready For War)
B. Rosegarden Funeral Of Sores


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Till

mardi 28 mai 2013

Magazine - No Thyself [2011]

 
La question de savoir s’il faut vraiment appréhender No Thyself comme un album de Magazine peut se poser.

Conséquemment à leur reformation pour une courte tournée, et les extensions qui finirent par arriver tant l’évènement avait fait florès, il paraissait inévitable qu’un nouvel album vit le jour. Le hic, c’est que de la formation glorieuse de Magazine amputée de l’essentiel talent de six-cordiste de John McGeosh (présent sur les deux premiers et meilleurs albums du groupe et décédé en 2004) et du bassiste emblématique Barry Adamson (pourtant présent pendant toute la reformation live et ayant préféré ne pas s’y impliquer dans le projet studio)… Ca inquiète.

Et puis la voix d’Howard Devoto est fatiguée et les claviers gothico-progressifs de Dave Formula ont quelque chose d’obsolète. Et puis, franchement, vous y croyez-vous à des mecs qui refont de la musique comme quand ils avaient 25 balais alors qu’ils en ont plus du double ???

Ben oui, j’y crois ! Et j’ai 10 preuves pour soutenir ma conviction. 10 comme le nombre de chansons présentes sur ce No Thyself si surprenamment convaincant. Certes, l’aspect punk a peu ou prou disparu, mais la tension, elle, est bien là, palpable, intense.  Devoto & Co ont réussi, en l’espèce, le tour de force de conserver inchangée leur formule musicale en l’adaptant à leur sensibilité actuelle et à leur âge… Ce n’était pas gagné d’avance.

Pour la petite histoire, on notera la participation du Buzzcocks Pete Shelley (le groupe pré-Magazine de Devoto) à la composition du morceau introductif mais ce n’est qu’anecdotique (pas la chanson, notez). L’essentiel est bien dans le petit miracle de retrouver ce groupe si fort dans sa posture adulte qu’il l’était dans celle post-adolescente jadis affichée.

30 ans après leur précédent album, Magic Murder and the Weather - le seul ratage de leur impeccable discographie initiale -, Magazine sont de retour ! Il faut que ça se sache !


1. Do The Meaning 4:28
2. Other Thematic Material 4:01
3. The Worst Of Progress.... 4:58
4. Hello Mister Curtis (With Apologies) 4:16
5. Physics 4:11
6. Happening In English 4:11
7. Holy Dotage 4:19
8. Of Course Howard (1979) 4:44
9. Final Analysis Waltz 4:50
10. The Burden Of A Song 4:31


Howard Devoto – vocals
John Doyle – drums
Dave Formula – keyboards
Norman Fisher-Jones – guitar and backing vocals
Jonathan "Stan" White – bass guitar and backing vocals
&
Christine Hanson – cello and strings on "Final Analysis Waltz"
Rosalie Cunningham – backing vocals

samedi 25 mai 2013

John Cale - The Island Years [1996]

Histoire de complèter l'affaire de Jimmy Jimmereeno sur son Club chéri (Fear, premier album de la période Island de Cale), et de moi-même chez l'ami Jeepeedee (qui se fait définitivement trop rare), voici The Island Years soit trois excellentes galettes sorties entre 1974 et 1975 et réunies par leur label en 1996 soir une courte mais intense période de la carrière de Mr. Cale.
 

Outre des enregistrements et des publications rapprochées, signe de temps où tout allait plus vite dans le monde de la rock music, il y a un vrai sentiment d'urgence sur la triplette enregistrée par John Cale pour le label Island et réunie (avec quelques inédits pas inutiles) sur un double cd bien fichu mais, surtout !, gorgé d'excellentes performances par d'excellents musiciens pour un résultat, ô surprise !... Excellent !

Or donc, au lendemain d'un triomphant et précieux Paris 1919, œuvre à laquelle nul ne niera une "panthéonienne" destinée, le gallois change notablement de ton en plus de label revenant à des amours plus brutales et donc à un rock'n'roll brut de décoffrage (mais pas idiot pour autant (intello un jour, intello toujours !) preuve qu'on peut bander ses muscles, tendre sa voix sans tomber dans l'agression machiste d'un Ted Nugent pour ne citer qu'un bon gros bœuf étatsunien) tout en continuant d'assurer l'héritage de ses expérimentations plus pop. Précisons aussi que la crème collectée par Cale dans les différents line-up qui l'accompagnent (en vrac : Manzanera, Eno, Richard Thompson, Chris Spedding, Phil Collins (ne riez/fuyez pas !), etc.) n'est pas exactement un facteur handicapant de l'entreprise... Mais bon, c'est Cale à la barre, c'est lui le chef et ces années Island sont définitivement marquées du sceau de sa divine colère, juste colère, sa glaçante colère... sa Belle colère ! Mais pas que de la colère, Cale est trop malin pour ça.

Si on rentre dans le "gras de la bête" et en isole chacune des ses composants, on dira que Fear, premier paru en octobre 1974, est aussi le plus varié du lot, le moins lugubre aussi, et qu'on y croise moult créatures chatoyantes qui ont sans aucun doute beaucoup influencé ce qu'est Nick Cave aujourd'hui devenu (tous projets confondus). Et c'est un magnifique album avec, en tête de gondole, un Ship of Fools tout simplement bouleversant.
Cinq mois seulement plus tard (ha les cadences infernales des joyeuses seventies !), en mars 1975, parait Slow Dazzle suite logique mais plus "rockocentrée" de Fear qui gagne largement en efficacité ce qu'il cède en diversité. C'est encore un album intense avec un Cale "à vif". On en ressortira l'hommage à Brian Wilson, Mr. Wilson, la reprise hantée d'Elvis Presley, Heartbreak Hotel, et un bien senti Dirty Ass Rock 'N' Roll qui en remontre facilement à son copain Lou.
Last but not least, en novembre 1975, Helen of Troy, l'album d'avant la rupture, est aussi le plus cohérent, celui qui donne le plus l'impression d'écouter un groupe des trois, pas un hasard puisque c'est celui au line-up le plus constant. Et pas le moins réussi donc parce qu'on y trouve des pépites comme la chanson titre ou le croquignolet (I Keep a) Close Watch où Cale croone comme un vieux pro. C'est aussi tout en étant le moins agité, le plus théâtral de ces années Island comme en témoigne le quasi-progressif Engine... Et une réussite de plus !
On ajoutera que les trois fonctionnent très bien les uns à côtés des autres et constituent un tout intéressant sur une période où Cale, visiblement, a quelques visées commerciales qui ne seront, hélas, pas payées en retour malgré la qualité générale des prestations et des compositions. Peut-être cette pop rock certes abordable mais encore un peu trop cérébrale et parfois un peu trop acide laissa froid un public amateur récurrent de prêt-à-mâcher... Peut-être aussi qu'un Cale, qui n'est pas un grand chanteur ni n'a jamais prétendu l'être, à la voix si particulière, n'était pas taillé pour le costard...

Peut-être... Mais le petit drame de la période c'est qu'il faudra quelque années avant que Cale ne repasse par la case studio privant donc le monde, et les fulgurances de son début de catalogue solo, d'une suite immédiate. Il faudra ainsi attendre 1981, et le pas glop (mais pas honteux non plus) Honi Soit, pour retrouver du matériau original de Cale en solitaire... Le niveau s'améliorera heureusement dès l'année et la galette suivante avec le très bon, essentiel même !, et pourtant cruellement indisponible aujourd'hui Music for a New Society, mais c'est une autre histoire...

De l'objet proprement dit, outre quelques bonus tracks bienvenues, on appréciera de le voir doté d'une pochette classe et pas tapageuse, à l'image du ténébreux artiste qu'elle affiche. Il n'y a pas à dire, c'est du bon boulot où on regrettera simplement l'absence de paroles qui auraient joliment complémenté les notes de pochettes de Ben Edmonds (du magazine Rolling Stones US, qui s'y connait visiblement) et les quelques photos d'époque. Mais bon, c'est pour pinailler parce que, vraiment !, The Island Years offre une trop belle opportunité de découvrir John Cale dans une phase moins "commercialement faste" de sa carrière (c'est tout relatif, Cale n'ayant jamais été un gros vendeur) mais pas moins faste artistiquement comme ceux qui tenteront l'expérience s'en rendront joyeusement compte.

CD 1
- Fear (1974) & outtake

1. Fear Is a Man's Best Friend 3:52
2. Buffalo Ballet 3:28
3. Barracuda 3:46
4. Emily 4:21
5. Ship of Fools 4:36
6. Gun 8:04
7. The Man Who Couldn't Afford to Orgy 4:33
8. You Know More Than I Know 3:34
9. Momamma Scuba 4:23
10. Sylvia Said 4:07 (single B-side)
- Slow Dazzle (1975) & outtakes
11. All I Want Is You 2:55 (outtake)
12. Bamboo Floor 3:24 (outtake)
13. Mr. Wilson 3:15
14. Taking It All Away 2:56
15. Dirty-Ass Rock 'N' Roll 4:41
16. Darling I Need You 3:35
17. Rollaroll 3:57

CD2
1. Heartbreak Hotel 3:10
2. Ski Patrol 2:05
3. I'm Not the Loving Kind 3:07
4. Guts 3:26
5. The Jeweller 4:11
- Helen of Troy (1975) & outtakes
6. My Maria 3:48
7. Helen of Troy 4:18
8. China Sea 2:30
9. Engine 2:45
10. Save Us 2:20
11. Cable Hogue 3:30
12. (I Keep A) Close Watch 3:27
13. Pablo Picasso 3:20
14. Leaving It Up To You 4:33
15. Baby, What You Want Me to Do? 4:48
16. Sudden Death 4:36
17. You & Me 2:50 (outtake)
18. Coral Moon 2:14 (originally replaced Leaving It Up To You)
19. Mary Lou 2:46 (outtake)


- Line-up sur "Fear" (1974)
John Cale - bass guitar, guitar, keyboards, viola, lead vocals, production, writing, cover
Phil Manzanera - guitar, slide guitar on "Momamma Scuba", executive producer
Fred Smith - drums
Brian Eno - synthesizer, effects, executive producer
Archie Leggatt - bass
Michael Desmarais - drums on "Momamma Scuba"and "Fear"
Richard Thompson - slide guitar on "Momamma Scuba"
Bryn Haworth - slide guitar on "Momamma Scuba"
Brian Turrington - bass on "Momamma Scuba"
Irene Chanter - background vocals
Doreen Chanter - background vocals
Liza Strike - background vocals, girl's choir
Judy Nylon - lead vocals on "The Man Who Couldn't Afford to Orgy"



- Line-up sur "Slow Dazzle" (1975)
John Cale: piano, organ, clavinet, vocals, production, cover, writing
Gerry Conway: drums
Pat Donaldson: bass
Timi Donald: drums
Brian Eno: synthesizer
Phil Manzanera: guitar
Geoff Muldaur: harmony vocals on "Guts" and "Darling I Need You"
Chris Spedding: guitar
Chris Thomas: violin, electric piano



- Line-up sur "Helen of Troy" (1975)
John Cale - keyboards, guitar, vocals
Phil Collins - drums
Pat Donaldson - bass
Timi Donald - drums
Brian Eno - synthesizer
Chris Spedding - guitar
Robert Kirby - string & choir arrangement

jeudi 23 mai 2013

Archie Shepp - Fire Music [1965]

 
Dès le titre, Shepp nous prévient, Fire Music est un album brûlant, sans concession qu'on ne conseillera pas aux âmes sensibles qui risqueraient de s'y griller les tympans. Clairement, c'est ici de Jazz lorgnant sur le Free dont il s'agit, la touche Shepp cependant, cette touche swing’n’soul qu'on retrouve dans quasiment tous ses albums, fait la différence.

Contextuellement, Archie Shepp est alors un jeune saxophoniste de même pas 28 printemps dont s’avance, après l’album hommage à Coltrane, Four for Trane, la seconde sortie pour le légendaire label Impulse! qui est aussi sa seconde contribution au monde du jazz en tant que leader de plein droit et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on a déjà ici affaire à un talent bien affirmé et à une vision personnelle de ce que se doit de devenir le jazz dans ces bouillonnantes et décisives années 60.

Concrètement, trois originaux et deux reprises de standards qu’on n’attendait pas aussi radicalement revus et corrigés constituent l’album auquel la présente réédition cd ajoute une version live de l’introductif Hambone enregistré au Village Gate de New York en mars 1965, soit avant même la sortie de Fire Music, avec déjà un personnel différent de celui l'ayant enregistré sur l'album.  Et quel personnel ! Et quel album ! Certes, il y demeure quelques maladresses  - rien que de très normal quand on connait les conditions d’enregistrement alors dévolues au Jazz imposés par l’impérieuse nécessité de limiter les coûts pour des travaux destinés à un public plutôt restreint – mais tellement d’excellents moments et de promesses pour l’avenir qu’il est impossible de résister à cet abrasive galette où le swing se mue en un furibard animal, où quatre cuivres et une section rythmique provoquent notre remue-méninges, où dissonances et mélodies sont intimement liées, souvent pour le meilleur comme sur un Girl from Ipanema certes reconnaissable mais voguant dans des limbes fort éloignées de ses originelles plages de Rio de Janeiro.

C’est avec ce théâtral, puissant et spirituel Fire Music que Shepp rejoint le bataillon de ceux qui poussent alors le jazz dans ses ultimes retranchements. Accompagné du Trane, de Mister Charles M. et autres Ornette C. (pour ne citer qu’eux), il s’impose comme une voix d’une musique alors en pleine mutation et continuera longtemps encore (souhaitons !) de nous réjouir des chemins de traverses qu’il emprunte avec un bonheur sans cesse renouvelé. Alors, Fire Music ? Indispensable, c’est le mot.


1. Hambone 12:29
2. Los Olvidados 8:54
3. Malcolm, Malcolm-Semper Malcolm 4:49
4. Prelude To A Kiss 4:51
5. The Girl From Ipanema 8:37
Bonus
6. Hambone (Live Version, the Village Gate, Marsh 28, 1965) 11:51


#1, 2, 4, 5
Archie Shepp - saxophone ténor
Ted Curson - trompette
Joseph Orange - trombone
Marion Brown - saxophone alto
Reggie Johnson - contrebasse
Joe Chambers - batterie
#3
Archie Shepp - saxophone ténor, voix
David Izenzon - contrebasse
J.C. Moses - batterie
#6
Archie Shepp - saxophone ténor
Marion Brown - saxophone alto
Fred Pirite - saxophone bariton
Ashley Fennell - trombone
Virgil Jones - trompette
Reggie Johnson - contrebasse
Roger Blank - batterie

lundi 20 mai 2013

Ceramic Dog - Your Turn [2013]

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C'est Marc Ribot qui le dit, Ceramic Dog est son premier groupe de rock depuis le lycée. Diantre ! Forcément, avec Marc Ribot, qu'on situera comme excellent musicien de studio chez Bashung ou Tom Waits, pour ne citer qu'eux, ou comme crépitant guitariste surf & rock chez John Zorn ou encore comme artiste solo multiple capable de la plus grande ascèse comme du plus monumental bordel punk jazz, un groupe de rock ne peut pas être qu'une simplette entreprise à enchainer du couplet sur du refrain avec quelques bons riffs et un petit solo de temps en temps... Trop facile !

De fait, dans la lignée d'un premier album déjà très réussi (Party Intellectuals), Your Turn est, une fois de plus, une relecture inspirée et libre de l'idiome rock (au sens large) par un musicien qui s'amuse visiblement beaucoup avec ses deux excellents compagnons, le bassiste Shahzad Ismaily (Laurie Anderson, Will Oldham, Jolie Holland, Secret Chiefs 3) et le batteur Ches Smith (Xiu Xiu, Secret Chiefs 3, Trevor Dunn's Trio Convulsant). Relecture libre mais relativement plus traditionnelle, pour ne pas dire traditionaliste, qu'elle ne l'avait été dans l'opus originel qui, plus expérimental que ne l'est Your Turn n'en était, en toute logique, que plus difficile à appréhender. Illustrant cette nouvelle abordabilité, on y trouve ce qu'on pourrait assimiler à du Satriani "garage" sur l'instrumental Your Turn, simple tournerie où Ribot laisse libre court à sa transe guitaristique, un swinging blues fun et désarmant (The Kid Is Back), ou à une fusion rap'n'rock'n'fun à classer entre Fishbone et les Beastie Boys (We Are the Professionals), mais aussi à de jolies folies comme l'arabisant et rigolard Masters of the Internet, les uns aussi irrésistibles que les autres, ceci dit en passant parce que, fondamentalement, tout ceci n'est pas sérieux même si c'est fait sérieusement... du Rock, quoi ! Une musique où Gene Vincent voisine Devo, où les Ramones ont autant voie au chapitre que Faust, où Link Wray (qui n'est jamais bien loin) en remontre à Led Zeppelin !

Dire, cependant, que toutes traces de l'appartenance jazzistique et expérimentale de Ribot ont disparues serait une exagération. Quand sur Ritual Slaughter, il trippe dans des soli free évoquant autant John Cipollina qu'Ornette Coleman ou quand, sur The Prayer, d'intimiste à explosif, il met à l'amende toute une génération de shredders ET de droners qui s'en trouvent, pour le coup, sur le cul, ou quand, encore, il reprend, dissonances et virtuosité combinées, le Take 5 de Paul Desmond, il rappelle clairement d'où il vient, le bagage qu'il transporte, ses credentials... Mais sans intellectualiste aucun, jamais !, parce qu'il y a chez Ceramic Dog et son patron, chevillée au corps, une volonté de se faire plaisir en "lâchant les chevaux" (dans l'inspiration parce que l'album réserve quelques belles plages de repos pas très éloignées de son poteau Waits, bizarrerie incluse) qui fait un bien fou à entendre et prouve qu'on n'est pas blasé à presque 60 ans après plus de 25 ans de carrière... et quelle carrière !

Party Intellectuals avait été, en son temps, une excellente surprise qui, sans totalement nous chavirer, donnait des envies d'encore, laissait un gout de trop peu tant il semblait que la formation avait encore moult pistes à explorer. On n'était alors pas sûr que lendemain il y aurait ni qu'il serait du niveau d'un Your Turn où tout le potentiel entrevu se voit démultiplié, comme le plaisir de l'auditeur ! Ca n'en fait que plus espérer que Ceramic Dog fassent encore des petits parce que, mine de rien, on tient peut-être déjà l'album rock de l'année... tout simplement !


1. Lies My Body Told Me 5:30
2. Your Turn 3:59
3. Masters of the Internet 4:04
4. Ritual Slaughter 4:04
5. Avanti Popolo 0:57
6. Ain’t Gonna Let Them Turn Us Round 3:54
7. Bread and Roses 5:17
8. Prayer 5:39
9. Mr. Pants Goes to Hollywood 4:31
10. The Kid is Back! 3:06
11. Take 5 5:25
12. We are the Professionals 3:53
13. Special Snowflake 1:39


Ceramic Dog
- Marc Ribot: guitars, vocals, eb horn (3, 5, 11, 12), banjo (3),
trumpet (3, 12), melodica (5), bass (5)
- Ches Smith: drums, percussion, electronic, vocals, keys (13)
- Shahzad Ismally: bass, vocals, moog (5), keys (3, 13),
additional guitar (1), samples (3)
&
- Eszter Balint: vocals (1, 6, 10), melodica (9), organ (10), violin (13)
- Keetus Ciancia: samples (3, 7, 8, 12)
- Dan Willis: Oboe, zurna (3)
- Arto Lindsay: additional guitar (10)

jeudi 16 mai 2013

This Heat - This Heat [1979] - Deceit [1981]


THIS HEAT [1979]


La pièce est grande. 10 [dix] mètres de long, 5 [cinq] mètres de large, 5 [cinq] mètres de haut. Surface 50 [cinquante] m². Volume 250 [deux cent cinquante] m3. Au sol, béton brut. Sur les murs, béton brut. En plafond, béton brut. La seule lumière naturelle provient de deux pauvres fenêtres en hauteur, inaccessibles, des jours de souffrance. JOURS DE SOUFFRANCE.

Au plafond quelques luminaires d'atelier distillent péniblement une lumière fade et froide. Température de couleur, 600 [six cents] Kelvins, blanc industriel. Pas de soleil, pas de chauffage, température basse. Froide, froide.

Tout autour de la pièce sont réparties des portes en acier gris sans inscription. 11 [onze] portes en acier. Aucune inscription. Comme dans un remake de Cube, chaque porte mène vers un destin différent. Inconnu, mystère, danger ? Sortie, lumière, liberté ? 11 [onze] portes en acier gris.

Porte 01 : l'obscurité est complète. On entend des sons électroniques de provenance inconnue. Leur résonnance est amplifiée par des dimensions insondables.

Porte 02 : L'obscurité est complète. Au loin, des échos de musique, un groupe post-punk est en répétition. Il fait froid, froid, froid.

Porte 03 : obscurité complète. Plongée dans le vide, espace, cosmos. Incantations d'origine inconnue, paroles incompréhensibles. Froid.

Porte 04 : obscurité complète. Tintinabulement, cloches. Présence humaine ? Pas des cloches, des gouttes d'eau qui tombent et percutent des récipients métalliques. Ploc. Ploc. Ploc. Humidité.

Porte 05 : lumière aveuglante. Des rythmes tribaux emplissent la pièce sans qu'on puisse en voir l'origine. Musique lancinante. Voix quasi-humaine, endroit habité. DE LA VIE.

Porte 06 : semi-obscurité. Bruits  usine, sons  machines. Engrenages, roulements, acier,   machines tournent    suintent huile     vapeur.

Porte 07 : verrouillée. Nouvel essai. Verrouillée.  travers    porte     sons stridents aigüs acides. Verrouillée.

Porte    : obscurité  Bourdonnement  Voix .... lointaines .. choeurs .. étouffés souffle ..... puissant

Porte    : bruit....................bruit...............................................................bruit

Porte    : vue brouillée  ......m s que ..............................................ch nts.....sons d f rm s  *L RT* *L RT* *L RT* ....................5 1......35...................jkljihkghjg@#fdeffsgggggggggggggg

P r t    :  nt nds pl s r  n..... f n



 01. Testcard
02. Horizontal Hold
03. Not Waving
04. Water
05. Twilight Furniture
06. 24 Track Loop
07. Diet of Worms
08. Music Like Escaping Gas
09. Rainforest
10. The Fall of Saigon
11. Testcard


DECEIT [1981]



01. Sleep
02. Paper Hats7
03. Triumph
04. S.P.Q.R.
05. Cenotaph
06. Shrink Wrap
07. Radio Prague
08. Makeshift Swahili
09. Independence
10. A New Kind of Water
11. Hi Baku Sho (Suffer Bomb Disease)


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Till

samedi 11 mai 2013

John Zorn/Pat Metheny - Tap: Book of Angels Volume 20 [2013]

 
Ca faisait des mois qu'on l'attendait, depuis que la rumeur que Pat Metheny interviendrait dans la série des Book of Angels (pour l'ultime volume disait-elle, vilaine !). Voila, c'est fait, elle est là la rencontre au sommet d'un guitariste ô combien révéré et d'un compositeur toujours avide de nouvelles expériences, d'entendre sa musique triturée, réinterprétée par d'autres mains, d'autres cerveaux.

En l'occurrence, il n'y a pas pléthore, que ce soit pour la tracklist ou le line-up (6 et 2) mais les émotions sont bien au rendez-vous et la rencontre de deux univers à priori pas exactement compatibles porte magnifiquement ses fruits. Pas qu'on n'en attendait quoique ce soit d'autre, notez, quand deux géants se croisent, ça fait forcément quelques étincelles... Et si peu de musiciens interviennent ici, c'est tout bonnement parce que Metheny bouffe toute la place faisant montre, comme il l'a souvent fait sur ses récentes livraisons, de ses qualités de producteur/arrangeur/multi-instrumentiste. De fait, il n'a recours qu'au seul Antonio Sanchez, frappeur de peau de service, pour s'inviter sur les plates bandes d'un Zorn ô combien consentant.

Musicalement, la surprise est, finalement, de ne jamais en rencontrer vraiment. Je m'explique... Si, en effet, le traitement que se voient infligées les compositions de John Zorn est unique (tout en étant multiple, j'y viens), il est totalement dans les valeurs et inclinaisons stylistiques de Metheny qui s'est, en la circonstance, totalement réapproprié les notes de son compositeur. En introduction, ça donne un Mastema au "klezmerisme" discret occulté qu'il est par la folie fusion à bruitages électroniques que commet Metheny... Et ça fonctionne du feu de Dieu (ou des Anges, c'est bienvenu pour la série !).  Suit Albim qui, plus respectueux des cannons du compositeur Zorn, est une charmante ballade nous emmenant presque jusqu'à Buenos Aires avec sa guitare acoustique, son discret bandonéon, son doux chaloupement et sa fin dramatique, parfait, et parfaitement maîtrisé, ça va sans dire ! Tharsis, piste 3, plus électrique et rapide n'est pas bien différent, comme si les deux thèmes qui le précédent se retrouvaient... Si l'empreinte Zorn y est impossible à rater, ça ne signifie pas que Metheny se soit laisser aller à la facilité, pièce à la fois rythmée et ambiante, elle bénéficie de son exceptionnelle qualité de guitariste en plus de ses capacités d'arrangeur/metteur en son, devenant "autre chose" au contact d'un imaginaire riche, "autre chose" de particulièrement prenant en son magnifique crescendo.
J'arrête là le menu non sans préciser que la seconde moitié des titres propose d'au moins aussi fortes émotions, d'au moins aussi belles révélations musicales pour une satisfaction finale évidemment acquise.

Formellement, les petits plats ont été mis dans les grands et, grande première dans la série sans doute motivée par quelques obligations contractuelles, ce Tap bénéficie d'une double sortie, chez Nonesuch (label attitré de Metheny) et chez Tzadik (la maison de qui vous savez). C'est finalement, sauf pour Tzadik peut-être, une bonne nouvelle qui, espérons-le, permettra à un compositeur toujours trop méconnu de récolter quelques suiveurs fanatiques supplémentaires dans l'opération, Zorn le mérite, Metheny le lui offre... Elle est pas belle la vie ?

Reste que cette rencontre (un sommet au sommet !) donne extrêmement envie d'en entendre plus, que John Zorn fasse plus de nouvelles rencontrent qui élargiront encore le spectre d'une série et d'un monde pourtant déjà si riche parce que, si vous ne l'aviez pas compris, ce Tap, 20ème Book of Angels, c'est de l'or en barre... Tout simplement !


- John Zorn: compositions
- Pat Metheny: production, arrangements, electric & acoustic guitars, baritone guitar, sitar guitar,
tiples, bass, piano, keyboards, marimba, bells, bandoneon, percussion, electronics, flugelhorn
- Antonio Sanchez: drums


1. Mastema 7:20
2. Albim 9:07
3. Tharsis 5:54
4. Sariel 11:09
5. Phanuel 10:55
6. Hurmiz 6:12

jeudi 9 mai 2013

The Golden Palominos - The Golden Palominos [1983], Visions of Excess [1985]

Formé par le batteur et compositeur Anton Fier en 1981, The Golden Palominos est un groupe à géométrie variable avec Fier, le bassiste/producteur Bill Laswell et le guitariste Nicky Skopelitis comme seuls membres récurrents.
 

Premier opus du projet mené par Anton Fier et, rien qu'à voir la splendide collection d'allumés que comprend la formation, on se doute que, si on risque fort de ne pas s'y ennuyer, on sera aussi mis à rude épreuve, sur le gril... Ou pris dans un furieux torrent, dont on risque de ne pas sortir indemne, à l'image des canassons de la pochette.

Il faut dire qu'on ne rencontre pas si souvent une fusion aussi étrange que celle proposée par l'éponyme des Golden Palominos, une sorte de funk mutant, blanchi aussi, où les bruitages, déviances sonores, grooves décalés et autres évènement percussifs inattendus tiennent le haut du pavé. Pas exactement le genre de machin à confier à toutes les (sensibles) oreilles mais pas non plus une œuvre si avant-gardiste qu'on ne puisse la conseiller qu'à quelques happy-fews. D'une part, il y a le côté historique de voir tous ces extraordinaires musiciens réunis (dont John Zorn qui rendra l'appareil à Fier en l'invitant sur son Locus Solus la même année) mais aussi l'impact d'un style, d'un son qui fera florès quelques années plus tard (par exemple chez les Talking Heads), évidence impossible à nier à l'écoute de l'introductif Clean Plate.

Ne le nions pas, The Golden Palominos, l'album, reste avant tout une étrangeté qui ne plaira qu'à ceux qui apprécient la "musique qui cherche", se donne le droit à l'erreur aussi (toutes les pistes ne fonctionnent pas ici avec le même bonheur) parce qu'elle se sent investie d'une mission prospective ô combien louable débouchant, qui plus est, sur une dose de fun plus que conséquente et même décisive dans le plaisir pris par l'auditeur.

Il n'en faut pas plus pour décréter qu'on tient bien là une vraie belle réussite en plus d'une odyssée sonique hors du commun.


1. Clean Plate 6:30
2. Hot Seat 5:16
3. Under the Cap 5:36
4. Monday Night 6:31
5. Cookout 4:40
6. I.D. 6:48
7. Two Sided Fist 7:43


- Anton Fier: drums, Oberheim DMX, percussion, production, mixing
- John Zorn: alto saxophone, clarinet, game calls
- Fred Frith: guitar, violin
- Bill Laswell: bass guitar, production, mixing
- Arto Lindsay: vocals, guitar, additional production
&
- Thi-Linh Le: vocals on "Monday Night", design, photography
- Mark E. Miller: vocals on "Hot Seat", turntables on "Hot Seat" and "Monday Night"
- David Moss: percussion on "Clean Plate", "Under the Cap" and "Two Sided Fist"
- Nicky Skopelitis: guitar on "Monday Night" and "I.D."
- Jamaaladeen Tacuma: Steinberger bass guitar on "Clean Plate" and "Two Sided Fist"
- Roger Trilling: tape on "Cookout"
- Michael Beinhorn: drums and Oberheim DMX on "Hot Seat", piano on "Cookout"



The Golden Palominos c'est, premièrement et avant tout, Anton Fier, batteur de son état et capitaine du navire ce que prouve clairement ce second opus au line-up ô combien différent de l'inaugural éponyme avec, cette fois, une sélection de musiciens/invités nettement moins versés dans la Downtown scene de la Big Apple et nettement plus vers un mainstream rock de qualité... Enfin, le line-up parce que, musicalement, si l'aspect bruitistes et les glissements avant-gardistes ont été largement revus à la baisse, le ton n'est tout de même pas à la facilité et au FM-compatible.

Concrètement, si on reconnait, via les éléments rythmiques et l'approche sonique des GP originels restants, de notables différences se font jour et les invités de l'occasion ne sont pas tout à fait innocents quand à ce renversement de tendance avec, en tête, un Michael Stipe de R.E.M. qui, présent sur les trois titres d'ouverture de Visions of Excess, donne le ton de l'ensemble. De fait, le format chanson, totalement absent des précédents ébats du collectif, est ici au centre des débats. Ca n'empêche évidemment pas quelques musiciens d'exception de faire montre de leurs sens artistiques et leurs capacités instrumentales au dessus de la moyenne. On citera notamment Bill Laswell, master bassiste, et Nicky Skopelitis, guitariste exubérant s'il en fut, ici particulièrement à leur aise et mis en valeur.

Si on peut regretter la relative facilité de l'ensemble, dans lequel à un avant-gardisme funkoide de bon aloi s'est substitué un côté presque stadium rock, on est obligé de louer l'efficacité et la réussite générales. Ca donne, forcément, une œuvre plus classique, moins aventureuse mais aussi un album dans lequel on reviendra plus volontiers picorer tel ou tel titre particulièrement marquant (les trois de Stipe en sont !), et, en définitive, une réussite encore plus totale.


1. Boy (Go) 5:30
2. Clustering Train 6:07
3. Omaha 3:11
4. The Animal Speaks 4:07
5. Silver Bullet 5:09
6. (Kind of) True 4:47
7. Buenos Aires 3:48
8. Only One Party 4:30


- Anton Fier: drums, DMX, percussion
- Bill Laswell: bass guitar
- Jody Harris: guitars, slide guitar
- Richard Thompson: guitars
- Mike Hampton: guitar
- Henry Kaiser: guitars
- Nicky Skopelitis: guitars
- Arto Lindsay: guitar, vocals
- Chris Stamey: guitar, piano, vocals
- Bernie Worrell: Hammond organ
- Carla Bley: Hammond organ
- Syd Straw: vocals
- Michael Stipe: vocals
- Jack Bruce: vocals, harp
- John Lydon: vocals

vendredi 3 mai 2013

John Zorn - The Mysteries [2013]

 
On prend les mêmes et on recommence.
 
Hé oui, voilà de retour Bill Frisell (guitare), Carol Emanuel (harpe) et Kenny Wollesen (vibraphone et cloches) soit la même (fine) équipe à qui nous devions, il y a une année de ça, l’excellent Gnostic Preludes. Cette fois, ça s’appelle The Mysteries mais le principe, l’univers sont fondamentalement les mêmes.
 
Entre jazz de salon et musique de chambre contemporaine, le trio égrène les mélopées précieuses d’un Zorn en mode « ear-friendly ». De fait, ça « bave » rarement, c’est (re)tenu et mélodique à souhait... à mille lieues d’exactions freejazzophiles ou d’explorations avant-gardistes bruitistes.  Pas routinier, pour autant. Zorn aime à revenir en terrain connu pour creuser un filon encore riche de précieuses promesses et d'en profiter pour "pousser un peu les murs", ouvrir les fenêtres et voir/entendre ce que l'air du jour apporte.  
 
Pas routinier, donc, mais pas réellement surprenant non plus, comme de réenfiler une veste légère à la remontée du thermomètre, de se rendre compte qu'elle a (rayer les mentions inutiles) élargi, rétréci, raccourci ou qu'elle vous va encore comme un gant (ce qui, pour une veste peut s'avérer problématique)... Mais trêves de comparaison costumières ! The Mysteries, nul doute !, plaira à ceux qui aiment leur Zorn harmonieux mais un peu savant quand même, ceux-là mêmes (les bonnes gens !) qui apprécièrent les deux volumes du Book of Angels du Masada String Trio, celui de Bar Kokhba ou l'entièreté de l'œuvre des Dreamers. Du "easy" Zorn, spirituel et éthéré, rythmé ce qu'il faut où il faut, enchanteur sans tapage, digne et beau.
 
Evidemment, "easy", quand on en vient à évoquer un gentil fou tel que l'hyper productif  compositeur New Yorkais, ça n'empêche pas quelques charmantes et bienvenues sorties de routes, dérapages dans un virage en épingle... Toujours contrôlé par un compositeur/arrangeur malin bien entouré d'un trio d'instrumentistes dont l'expertise et la sensibilité n'est plus à démontrer. 
 
Si on s'adonnait au petit jeu de la comparaison et qu'on étalonnait The Mysteries à l'aulne des mérites de son glorieux prédécesseur, on dirait que, l'effet de surprise passé, le charme agit toujours mais que l'œuvre fondatrice, forcément, l'emporte.  Mais fi de mauvais esprit, un an après, la fine équipe des Gnostic Preludes a, une fois encore, merveilleusement servi son compositeur. L'essentiel est là, on ne boude pas sa joie.
 
Youpi !
 

1. Sacred Oracle 5:35
2. Hymn of the Naassenes 5:05
3. Dance of Sappho 4:05
4. The Bacchanalia 2:56
5. Consolamentum 5:48
6. Ode to the Cathars 6:55
7. Apollo 3:27
8. Yaldabaoth 3:54
9. The Nymphs 10:47